Le 14 mars 2020, Emmanuel Macron annonçait que la France allait « entrer en guerre » … contre un virus. On s’en souvient tous : les rayons de pâtes et du papier toilettes (!)dévalisés, le gel hydroalcoolique devenu plus précieux que le caviar, et les attestations de sortie qu’on remplissait comme si on partait en mission secrète.

Cinq ans plus tard, alors que le confinement n’est qu’un lointain (et mauvais!) souvenir, notre santé mentale post Covid, elle,  en porte encore les stigmates .

 

Des séquelles psychologiques bien ancrées

 

Dès le premier confinement, le ton était donné : enfermement + incertitude + isolement = cocktail explosif pour la santé mentale. Les enquêtes menées par Santé publique France (notamment CoviPrev) ont montré une augmentation nette des troubles anxieux et dépressifs. Pour faire simple : pour ceux qui n’avait pas de trouble, ça en a créée ou du moins ça a ébranlé leurs fondations psychologiques …

Le psychiatre Serge Tisseron a d’ailleurs souligné que le confinement a surtout fragilisé… ceux qui l’étaient déjà. Si tu avais tendance à stresser pour un rien avant, le Covid t’a sûrement laissé avec quelques petites « mises à niveau » niveau angoisse, level 10.  Bref, on est sortis du confinement avec plus de stress, de tics et de tocs, de phobies et d’angoisses, etc. (liste non exhaustive!) qu’on n’en avait en y entrant. Super !

 

Les jeunes : génération Covid ou génération stressée ?

 

Les jeunes, parlons-en. Si le Covid devait avoir une mascotte, ce serait probablement un étudiant en PLS sous une couette. Une étude de l’IFOP en 2024 révèle que 62 % des 18-24 ans en France se sentent régulièrement seuls, au point que certains experts inquiets n’hésitent pas à qualifier d’ « épidémie de solitude ».

Pour situer, c’est comme si les jeunes avaient collectivement décidé de vivre une adolescence façon Lost in Translation, mais sans le glamour de Tokyo. Des chercheurs évoquent le syndrome d’Hikikomori, où le simple fait de devoir sortir de chez soi est devenu impossible (d’ailleurs je ferai un article prochainement sur ce syndrome peu connu et pourtant répandu depuis les confinements).

 

Et le pire, c’est que cette solitude a des conséquences physiques en termes d’impact sur la santé comme des troubles alimentaires (perte ou prise de poids), recours plus importants aux addictions (le tabac, la drogue, les jeux en ligne, l’alcool…) . Ajoutez à cela, l’isolement social prolongé, les cours en distanciel — tout ça a laissé des traces profondes.

Côté finances, ce n’est pas glorieux non plus : en 2023, 26 % des étudiants déclarent encore galérer financièrement. Études, petits boulots, logements insalubres… De quoi avoir le moral dans les chaussettes (quand on peut encore se les payer !).

 

Le télétravail : liberté ou piège mental ?

 

Ah, le télétravail ! Au début, on a trouvé ça génial : bosser en pyjama, finir une réunion Teams et retourner directement sous la couette, le rêve ! Sauf qu’à force de faire des visioconférences avec le haut habillé et le bas en caleçon, la frontière entre travail et vie privée a volé en éclats.

 

Résultat : dans une étude publiée en 2020 par le cabinet Empreinte Humaine, 44 % des salariés étaient en détresse psychologique, et un quart présentait un risque de dépression nécessitant un traitement. Les femmes et les managers étaient particulièrement touchés — probablement parce qu’ils devaient gérer à la fois le boulot, les enfants, la maison, le chien et …  leur propre santé mentale !

 

Quand la maladie psychique frappe en pleine crise

 

Pour les familles déjà confrontées à la maladie psychique avant, le confinement a été un véritable enfer. L’isolement, le manque de structures de soins accessibles, et la pression constante ont mis à rude épreuve les patients et leurs proches. Les associations comme l’Unafam ont dû redoubler d’efforts pour soutenir les familles en détresse. Parce que gérer une pathologie mentale en pleine pandémie, c’est un peu comme essayer de jongler avec des couteaux… les yeux bandés.

 

Les TCA en hausse après le Covid

L’isolement et le manque de repères causés par le confinement ont également entraîné une augmentation des troubles du comportement alimentaire (TCA) . Une étude menée auprès d’étudiants universitaires français entre 2009 et 2021 a révélé que la prévalence des TCA est passée de 24 % en 2009 à 46,6 % en 2021 . Cette augmentation concerne toutes les formes de TCA, qu’il s’agisse de troubles boulimiques, hyperphagiques ou restrictifs.

La perte de contrôle liée à l’incertitude ambiante et au stress chronique semblent avoir favorisé le développement  de ces troubles. Certaines personnes ont cherché à retrouver une forme de maîtrise en contrôlant leur alimentation, tandis que d’autres ont développé une relation compulsive à la nourriture pour apaiser le stress émotionnel. Cinq ans après, ces comportements sont encore profondément ancrés chez de nombreux patients.

 

On s’en sort comment, aujourd’hui ?

 

Cinq ans après, il est clair que le confinement a laissé des séquelles profondes. Les troubles anxieux, la solitude et la détresse psychologique sont devenus des problèmes structurels qu’on ne peut plus ignorer. La bonne nouvelle, (eh oui il en faut quand même une !) c’est que la parole s’est libérée sur la santé mentale : on ose enfin dire « je ne vais pas bien » sans passer pour un extraterrestre. Et on commence même à parler remboursement de séances psys !

La mauvaise nouvelle, c’est que les dispositifs de soin ne suivent pas toujours le rythme. La santé mentale reste le parent pauvre du système de santé, malgré une prise de conscience généralisée. Mais ça c’est une autre histoire (donc sûrement un autre article !)

 

Et donc ?

 

Alors i vous ressentez encore les effets du confinement cinq ans plus tard, c’est normal.

Enfin pas trop mais un peu. Disons que cela nous a tous impacté mais pas de la même manière ni de la même intensité… Mais on a tous été un peu abîmés par cette période surréaliste…

Alors maintenant qu’on sait ce qui ne va pas, il est peut-être temps de remettre la santé mentale au cœur du débat (moi j’dis ça, j’dis rien) … et d’arrêter de minimiser ce qu’on a vécu. Après tout, survivre à trois confinements et à une pénurie de papier toilette, ça mérite bien une médaille !